
S’il est communément admis que le PIB est un indicateur imparfait et que la nature est un ingrédient décisif d’une croissance, il n’existe pas aujourd’hui de « vision partagée » sur la bonne façon de mesurer et d’intégrer la nature dans la « richesse des nations ». Ce qui est en jeu est la possibilité d’une croissance inclusive et soutenable.
Cette édition de la Revue du CGDD vise à exposer l’état des savoirs sur le « capital naturel ». Elle propose tout d’abord une réflexion interdisciplinaire sur les relations homme-nature-société, et sur la mise en forme économique du rôle de la nature dans la croissance.
Une telle ambition conduit à revisiter le principe de la valeur des biens publics et des biens communs, comme le climat et la biodiversité, qui participent à la richesse des nations.
Les tentatives de mesure de ce capital naturel permettent d’appréhender à travers des indicateurs et des métriques (monétaires ou bio-physiques), la richesse et les fragilités des relations homme-nature.
L’objectif de la deuxième partie est de faire dialoguer les différentes propositions méthodologiques afin de faire émerger les innovations, les lacunes et les besoins de connaissance.
Enfin, dans une troisième partie, le capital naturel est apprécié du point de vue des acteurs économiques : État, investisseurs, banques, entreprises. De quelles valeurs manquantes ont-ils besoin pour intégrer la qualité de l’environnement dans leurs stratégies de long terme ? Comment faire en sorte que ces valeurs intègrent les systèmes de valorisation économique ? Via quels instruments économiques et financiers ? Quelles modifications institutionnelles et réglementaires ?
Alors que les controverses méthodologiques sur la « meilleure » mesure de la nature sont potentiellement insolubles, les besoins exprimés par les acteurs et l’urgence de l’action peuvent créer les conditions d’une demande sociale forte pour accélérer la stabilisation de conventions de mesure. L’enjeu est de favoriser la montée en puissance des investissements dans les actifs naturels.
Commissariat général au développement durable
La Revue du CGDD – Décembre 2015
Editorial de la Commissaire générale au développement durable
Laurence Monnoyer-Smith
Introduction : Qualité de la croissance et transition écologique
Michel Aglietta, Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII)
Partie I : De quoi parlons-nous ?
Cadrage philosophique : l’homme, la société, la nature
Traduire sans trahir les diverses manières d’être au monde : défi anthropologique et/ou utopie politique
Florence Brunois Pasina, École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Un « capital naturel » ? La vision d’un biologiste
Gilles Bœuf, Université Pierre & Marie Curie
Le capital naturel, une image réduite des valeurs de la nature et des politiques environnementales
Virginie Maris, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Cadrage économique : de la « croissance » à la « croissance verte »
Qu’est-ce que le capital naturel ?
Patrick Ten Brink, Institute for European Environmental Policy (IEEP)
La nature dans l’analyse économique – perspective historique
Antonin Pottier, CERNA – MinesParisTech
De la croissance à la croissance verte
Stéphane Hallegatte, Geoffrey Heal, Marianne Fay et David Treguer, Banque Mondiale
Partie II : Tentatives de mesures
Les enjeux méthodologiques des « nouveaux indicateurs de richesse »
Florence Jany-Catrice Clersé-UMR8019, Université Lille1, Dominique Méda, Irisso-UMR 7170 / Université Paris-Dauphine/Collège d’études mondiales
Comptabilité nationale et prise en compte du patrimoine naturel
André Vanoli, Association des comptables nationaux
Coûts écologiques non payés : premières tentatives de chiffrages de l’accroissement de la dette écologique pour les actifs naturels « climat », « air » et « milieux aquatiques continentaux »
Jérémy Devaux, CGDD
Vers des outils de comptabilité environnementale au niveau international
Jean-Louis Weber, Comité scientifique de l’EEA
Indicateurs d’utilisation de la biomasse : la famille HANPP
Denis. Couvet, Frédéric. Ducarme, Vincent Pellissier, UMR MNHN-CNRS-UPMC-SU ‘CESCO’
La valeur de l’externalité climat
Baptiste Perrissin Fabert, CGDD
Évaluer un actif naturel par la valeur actualisée des services écosystémiques
Philippe Puydarrieux, CGDD
Partie III : Intégration dans les choix économiques
Comment corriger les défaillances de la main invisible ?
Dominique Bureau, Conseil économique pour le développement durable et Xavier Bonnet, CGDD
Des innovations institutionnelles et organisationnelles pour accroître l’investissement dans
le capital naturel
Harold Levrel, CIRED – AgroParisTech Fabien Hassan, Pierre Scemama, IFREMER et Anne-Charlotte Vaissière, LAMETA
Les entreprises et le capital naturel : risques, opportunités et leviers d’action
Aurélien Guingand, Vincent Hulin, Laurent Piermont, CDC Biodiversité
Ressources naturelles renouvelables et comptabilité des organisations
Michel Trommetter, INRA, UMR 1215 GAEL, Université de Grenoble Alpes
La prise en compte du capital naturel par les investisseurs institutionnels
Robin Edme, Pierre Reltien-Tellez, Jules Blanc, CGDD
Nature et monnaie – Des réductions d’émission de CO2 comme nouvel actif éligible pour les banques centrales
Etienne Espagne, Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII)